28. A correspondu
"Tu as jeté un regard, tu as vu le lit défait, épouventablement bouleversé, là, à neuf heures du soir, et tu as compris. Je sais : en cet instant, debout dans notre chambre, tu as éprouvé et la jalousie et la douleur et l'amertume d'un amour bafoué et profané. Je savais que tu éprouvais tous ces sentiments. Mais j'appris plus tard seulement qu'à cet outrage à ton amour a correspondu la naissance de ton désir. Comme c'est dommage que je ne l'aie su que trop tard !
J'ai continué à te voir en cachette de mon mari, mais ces rencontres n'étaient plus ce qu'elles étaient auparavant. Chaque fois tu m'emmenais dans un bouge quelconque, tu arrachais mes vêtements et les tiens, et tu me prenais à chaque fois plus grossièrement, plus impitoyablement, plus cyniquement. Ne me reproche pas de t'avoir permis de le faire. Ne dis pas que tu me procurais ne serait-ce qu'une minute de joie. Je supportais cette dépravation comme le malade supporte son médicament : il pense à sauver sa vie, moi je pensais sauver mon amour.
[...]
Non, Vadim, non, mon chéri, ce n'est pas de l'amour, c'est de la boue, trouble, abjecte. Cette boue se trouve dans ma maison avec une telle abondance que je ne vois pas la nécessité de la transporter"
Rien n'est propre à ma vie.
Aucun détail, aucune sensation ne m'appartient.
Pion sur le plateau de jeu, semblable à tant d'autres.
Ca minimise tout putain ...